Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/479

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égards y peuvent être contraires. Or la loi, qui n’est que l’expression de la volonté générale est bien le résultat de tous les intérêts particuliers combinés, & balancés par leur multitude ; mais les intérêts de Corps faisant un poids trop considérable romproient l’équilibre & ne doivent pas y entrer collectivement. Chaque individu doit avoir sa voix, nul Corps quel qu’il soit n’en doit avoir une. Or si le Sénat avoit trop de poids dans la Diete, non-seulement il y porteroit son intérêt, mais il le rendroit prépondérant.

Un remede naturel à ce défaut se présente de lui-même ; c’est d’augmenter le nombre des Nonces ; mais je craindrois que cela ne fît trop de mouvement dans l’Etat & n’approchât trop du tumulte démocratique. S’il faloit absolument changer la proportion, au lieu d’augmenter le nombre des Nonces, j’aimerois mieux diminuer le nombre des Sénateurs. Et dans le fond, je ne vois pas trop pourquoi, y ayant déjà un Palatin à la tête de chaque province, il y faut encore de grands Castellans. Mais ne perdons jamais de vue l’importante maxime de ne rien changer sans nécessité, ni pour retrancher ni pour ajouter.

Il vaut mieux à mon avis, avoir un conseil moins nombreux & laisser plus de liberté à ceux qui le composent, que d’en augmenter le nombre & de gêner la liberté dans les délibérations, comme on est toujours forcé de faire quand ce nombre devient trop grand : à quoi j’ajouterai, s’il est permis de prévoir le bien ainsi que le mal, qu’il faut éviter de rendre la Diete aussi nombreuse qu’elle peut l’être, pour ne pas s’ôter le moyen d’y admettre un jour sans confusion de nouveaux