Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/480

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Députés, si jamais on en vient à l’annoblissement des villes & à l’affranchissement des serfs, comme il est à désirer pour la force & le bonheur de la nation.

Cherchons donc un moyen de remédier à ce défaut d’une autre maniere & avec le moins de changement qu’il se pourra.

Tous les Sénateurs sont nommés par le Roi & conséquemment sont ses créatures. De plus ils sont à vie, & à ce titre ils forment un Corps indépendant & du Roi & de l’ordre Equestre qui comme je l’ai dit a son intérêt à part & doit tendre à l’usurpation. Et l’on ne doit pas ici m’accuser de contradiction parce que j’admets le Sénat comme un Corps distinct dans la République, quoique je ne l’admette pas comme un ordre composant de la République : car cela est fort différens.

Premierement, il faut ôter au Roi la nomination du Sénat, non pas tant à cause du pouvoir qu’il conserve par-là sur les Sénateurs & qui peut n’être pas grand, que par celui qu’il a sur tous ceux qui aspirent à l’être & par eux sur le Corps entier de la nation. Outre l’effet de ce changement dans la constitution, il en résultera l’avantage inestimable d’amortir parmi la Noblesse l’esprit courtisan & d’y substituer l’esprit patriotique. Je ne vois aucun inconvénient que les Sénateurs soient nommés par la Diete, & j’y vois de grands biens trop clairs pour avoir besoin d’être détaillés. Cette nomination peut se faire tout-d’un-coup dans la Diete, ou premiérement dans les Diétines, par la présentation d’un certain nombre de sujets pour chaque place vacante dans leurs Palatinats respectifs. Entre ces élus la Diete feroit son choix, ou bien elle en éliroit un moindre nombre parmi lesquels on pourroit laisser