Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/537

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les administrateurs de l’éducation les places gratuites dont j’ai parlé ci-devant.

Mais la principale & plus importante occupation de ce comité seroit de dresser sur de fideles mémoires & sur le rapport de la voix publique bien vérifié, un rôle des paysans qui se distingueroient par une bonne conduite une bonne culture de bonnes mœurs, par le soin de leur famille, par tous les devoirs de leur état bien remplis. Ce rôle seroit ensuite présenté à la Diétine qui y choisiroit un nombre fixé par la loi pour être affranchi, & qui pourvoiroit par des moyens convenus au dédommagement des patrons, en les faisant jouir d’exemptions, de prérogatives, d’avantages enfin proportionnés au nombre de leurs paysans qui auroient été trouvés dignes de la liberté. Car il faudroit absolument faire en sorte qu’au lieu d’être onéreux au maître l’affranchissement du serf lui devînt honorable & avantageux. Bien entendu que pour éviter l’abus ces affranchissemens ne se feroient point par les maîtres, mais dans les Diétines par jugement & seulement jusqu’au nombre fixé par la loi.

Quand on auroit affranchi successivement un certain nombre de familles dans un canton, l’on pourroit affranchir des villages entiers, y former peu-à-peu des communes, leur assigner quelques biens fonds quelques terres communales comme en Suisse, y établir des officiers communaux, & lorsqu’on auroit amené par degrés les choses jusqu’à pouvoir sans révolution sensible achever l’opération en grand, leur rendre enfin le droit que leur donna la nature de participer à l’administration de leur pays en envoyant des Députés aux Diétines.