Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/107

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avertis ceux qui s’exposent à ses attentats ne doivent s’ils y succombent s’en prendre qu’à eux-mêmes. C’est un malheur qu’il n’à tenu qu’à eux d’éviter, puisque, fuyant comme il fait les hommes, ce n’est pas lui qui va les chercher.

Rousseau.

Autant en peut-on dire à ceux qui passent dans un bois ou l’on fait qu’il y a des voleurs, sans que cela fasse une raison valable pour laisser ceux-ci en toute liberté d’aller leur train, sûr-tout quand pour les contenir il suffit de le vouloir. Mais quelle excuse peuvent avoir vos Messieurs qui ont soin de fournir eux-mêmes des proies à la cruauté du barbare par les émissaires dont vous m’avez dit qu’ils l’entourent, qui tachent à toute forcé de se familiariser avec lui, & dont sans doute il a soin de faire ses premieres victimes ?

Le François.

Point du tout. Quelque familièrement qu’ils vivent chez lui, tachant même d’y manger & boire sans s’embarrasser des risques, il ne leur en arrive aucun mal. Les personnes sûr lesquelles il aime assouvir sa furie sont celles pour lesquelles il a de l’estime & du penchant ; celles auxquelles il voudroit donner sa confiance pour peu que leurs cœurs s’ouvrissent au sien, d’anciens amis qu’il regrette & dans lesquels il semble encore chercher les consolations qui lui manquent. C’est ceux-la qu’il choisit pour les expédier par préférence ; le lien de l’amitié lui pèse ; il ne voit avec plaisir que ses ennemis.