Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/123

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homme accuse dans un tribunal d’Angleterre d’élit notoire atteste par un témoignage public & unanime se défendit par un alibi bien singulier. Il soutint & prouva que le même jour & à la même heure ou on l’avoir vu commettre le crime il étoit en personne occupe à se défendre devant un autre tribunal & dans une autre ville d’une accusation toute semblable. Ce fait non moins parfaitement atteste mit les juges dans un étrange embarras. à forcé de recherches & d’enquêtes dont assurément on ne se seroit pas avise sans cela, on découvrit enfin que les délits attribues à cet accuse avoient été commis par un autre homme moins connu mais si semblable au premier de taille de figure & de traits, qu’on avoir constamment pris l’un pour l’autre. Voila ce qu’on n’eût point découvert si sûr cette prétendue notoriété on se fut presse d’expédier cet homme sans daigner l’écouter, & vous voyez comment, cet usage une fois admis, il pourroit aller de la vie à mettre un habit d’une couleur plutôt que d’une autre.

Autre article encore plus récent tire de la gazette de France du 31 Octobre 1774. "Un malheureux, disent lettres de Londres, alloit subir le dernier supplice & il étoit déjà sûr l’échafaud, quand un spectateur perçant la foule cria de suspendre l’exécution & se déclara l’auteur du crime pour lequel cet infortuné avoir été condamne, ajoutant que-sa conscience troublée ( cet homme apparemment n’étoit pas philosophe ) ne lui permettoit pas en ce moment de sauver sa vie aux dépens de l’innocent." Après une nouvelle instruction de l’affaire, le condamne, continue l’article, "a été renvoyé absous, & le Roi à cru devoir faire grace au, coupable