Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/129

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de nos Messieurs. Ce n’est pas tant à la multitude des crimes de J. J. qu’ils ont fait attention qu’à son caractere affreux découvert enfin, quoique tard, & maintenant généralement reconnu. Tous ceux qui l’ont vu suivi examine avec le plus de soin s’accordent sûr cet article & le reconnoissent unanimement pour être, comme disoit très-bien sort vertueux patron Monsieur Hume, la honte de l’espece humaine & un monstre de méchanceté. L’exacte & régulière discussion des faits devient superflue quand il n’en résulté que ce qu’on sait déjà sans eux. Quand J. J. n’auroit commis aucun crime, il n’en seroit pas moins capable de tous. On ne le punir ni d’un délit ni d’un autre, mais on l’abhorre comme les couvant tous dans son cœur. Je ne vois rien la que de juste. L’horreur & l’aversion des hommes est due au méchant qu’ils laissent vivre quand leur clémence les porte à l’épargner.

Rousseau.

Après nos précédens entretiens, je ne m’attendois pas à cette distinction nouvelle. Pour le juger par son caractere indépendamment des faits, il faudroit que je comprisse comment indépendamment de ces mêmes faits on à si subitement & si surement reconnu ce caractere. Quand je songe que ce monstre à vécu quarante ans généralement estime & bien voulu, sans qu’on se soit doute de son mauvais naturel, sans que personne ait eu le moindre soupçon de ses crimes, je ne puis comprendre comment tout-a-coup ces deux choses ont pu devenir si évidentes, & je comprends encore moins que l’une ait pu l’être sans l’autre. Ajoutons que ces découvertes ayant