Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/202

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n’admettant jamais pour vrai que ce que cette épreuve à confirme.

Je l’ai particulièrement étudie par les cotes qui tiennent à l’amour-propre, bien sur qu’un orgueil irascible au point d’en avoir fait un monstre doit avoir de fortes & fréquentes explosions difficiles à contenir & impossibles à déguiser aux yeux d’un homme attentif à l’examiner par ce cote-la sur-tout dans la position cruelle ou je le trouvois.

Par les idées dont un homme pétri d’amour-propre s’occupe le plus souvent, par les sujets favoris de ses entretiens, par l’effet inopiné des nouvelles imprévues, par la maniere de s’affecter des propos qu’on lui tient, par les impressions qu’il reçoit de la contenance & du ton des gens qui l’approchent, par l’air dont il entend louer ou décrier ses ennemis ou ses rivaux, par la façon dont il en parle lui-même, par le degré de joie ou de tristesse dont l’affectent leurs prospérités ou leurs revers, on peut à la longue le pénétrer & lire dans son ame, sur-tout lorsqu’un tempérament ardent lui ôte le pouvoir de réprimer ses premiers mouvemens, ( si tant est néanmoins qu’un tempérament ardent. & un violent amour-propre puissent compatir ensemble dans un même cœur ). Mais c’est sur-tout en parlant des talens & des livres que les auteurs contiennent le moins & se décelant le mieux : c’est aussi par-la que je n’ai pas manque d’examiner celui-ci. Je l’ai mis souvent & vu mettre par d’autres sur ce chapitre en divers tems & à diverses occasions : j’ai fonde ce qu’il pensoit de la gloire littéraire, quel prix il donnoit à sa jouissance, & ce qu’il estimoit le plus en fait de réputation, de celle qui brille par les