Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/207

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habitudes & tout ce qu’on connoît de lui, non -seulement depuis qu’il a fait des livres, mais des son enfance & de tous les tems, après quoi, il ne tiendra qu’à vous de versifier par vous-même si j’ai bien ou mal vu.

Le François.

Rien de mieux que tout cela. Parlez donc ; je vous écoute.

Rousseau.

De tous les hommes que j’ai connus celui dont le caractere dérive le plus pleinement de son seul tempérament est J. J. Il est ce que l’a fait la nature : l’éducation ne l’a que bien peu modifie. Si des sa naissance les facultés & ses forces s’étoient tout-a-coup développées, des-lors on l’eut trouve tel a-peu-près qu’il fut dans son age mur, & maintenant après soixante ans de peines & de miseres, le tems l’adversité les hommes l’ont encore très-peu change. Tandis que son corps vieillit & se casse son cœur reste jeune toujours ; il garde encore les mêmes goûts les mêmes passions de son jeune age, & jusqu’à la fin de sa vie il ne cessera d’être un vieux enfant.

Mais ce tempérament qui lui à donne sa forme morale à des singularités qui pour être démêlées demandent une attention plus suivie que le coup-d’œil suffisant qu’on jette sur un homme qu’on croit connoître & qu’on à déjà juge. Je puis même dire que c’est par son extérieur vulgaire & par ce qu’il a de plus commun qu’en y regardant mieux je l’ai trouve le plus singulier. Ce paradoxe s’éclaircira de lui-même à mesure que vous m’écouterez.

Si, comme je vous l’ai dit, je fus surpris au premier abord