Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/254

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quels il les destine ; car enfin quelque prévenu pour lui que vous puissiez être, vous comprenez bien, je pense, qu’on n’étudie pas la botanique pour rien.

Rousseau.

Sans doute. Je comprends que le charme de l’étude de la nature est quelque chose pour toute ame sensible, & beaucoup pour un solitaire. Quant aux préparations dont vous parlez & qui n’ont nul rapport à la botanique, je n’en ai pas vu chez lui le moindre vestige ; je ne me suis point apperçu qu’il eut fait aucune étude des propriétés des plantes, ni même qu’il y crut beaucoup. " Je connois, m’a-t-il dit, l’organisation végétale & la structure des plantes sur le rapport de mes yeux, sur la foi de la nature qui me la montre & qui ne ment point ; mais je ne connois leurs vertus que sur la soi des hommes, qui sont ignorans & menteurs ; leur autorité à généralement sur moi trop peu d’empire pour que je lui en donne beaucoup en cela. D’ailleurs cette étude, vraie ou fausse, ne se fait pas en plein champ comme celle de la botanique, mais dans des laboratoires & chez les malades ; elle demande une vie applique & sédentaire qui ne me plaît ni ne me convient." Et effet je n’ai rien vu chez lui qui montrât ce goût de pharmacie. J’y ai vu seulement des cartons remplis des rameaux de plantes dont je viens de vous parler, & des graines distribuées dans de petites boites classées, comme les plantes qui les fournissent, selon le système de Linnaeus.