Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/404

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particuliers, dans les cercles, dans les petits comités secrets, dans tous ces petits tribunaux littéraires dont les femmes sont les présidens, que s’affilent les poignards dont on le crible sous le manteau.

On ne conçoit pas comment la diffamation d’un particulier sans emploi sans projet sans parti sans crédit a pu faire une affaire aussi importante & aussi universelle. On conçoit beaucoup moins comment une pareille entreprise a pu paraître assez belle pour que tous les rangs sans exception se soient empresses d’y concourir per fas & nefas, comme à l’œuvre la plus glorieuse. Si les auteurs de cet étonnant complot, si les chefs qui en ont pris la direction, avoient mis à quelque honorable entreprise la moitie des soins des peines du travail du tems de la dépense qu’ils ont prodigues à l’exécution de ce beau projet, ils auroient pu se couronner d’une gloire immortelle à beaucoup moins de frais,*

[*On me reprochera, j’en suis très-sur, de me donner une importance prodigieuse. Ah si je n’en avois pas plus aux yeux d’autrui qu’aux miens, que mon sort seroit moins à plaindre !] qu’il ne leur en à coûte pour accomplir cette œuvre de ténèbres dont il ne peut résulter pour eux, ni bien ni honneur, mais seulement le plaisir d’assouvir en secret la plus lâche de toutes les passions, & dont encore la patience & la douceur de leur victime ne les laissera jamais jouir pleinement.

Il est impossible que vous ayez une juste idée de la position de votre J. J. ni de la maniere dont il est enlace. Tout est si bien concerte à son égard qu’un Ange descendroit du Ciel pour le défendre sans y pouvoir parvenir. Le complot