Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/416

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son innocence. La certitude qu’un jour on sentira le prix de si patience contribue à la soutenir & en lui tout ôtant ses perfécuteurs n’ont pu lui ôter la confiance & l’espoir. " Si ma mémoire devoir, dit-il, s’éteindre avec moi, je me consolerois d’avoir été si mal connu des hommes dont je serois bientôt oublie ; mais puisque mon existence doit être connue après moi par mes livres & bien plus par mes malheurs, je ne me trouve point, je l’avoue, assez de résignation pour penser sans impatience, moi qui me sens meilleur & plus juste qu’aucun homme qui me soit connu, qu’on ne se souviendra de moi que comme d’un monstre, & que mes écrits, ou le cœur qui les dicta est empreint à chaque page, passeront pour les déclamations d’un tartuffe qui ne cherchoit qu’a tromper le public. Qu’auront donc servi mon courage & mon zele, si leurs monumens loin d’être utiles aux bons *

[*Jamais les discours d’un homme qu’on croit parler contre si pensée ne toucheront ceux qui ont cette opinion. Tous ceux qui pensant mal de moi disent avoir profite dans la vertu par la vertu par la lecture de mes livres, mentent même très-sottement. Ce sont ceux-la qui sont vraiment des tartuffes.] ne sont qu’aigrir & fomenter l’animosité des mechans, si tout ce que l’amour de la vertu m’a fait dire sans crainte & sans intérêt ne fait à l’avenir, comme aujourd’hui, qu’exciter contre moi la prévention & la haine, & ne produit jamais aucun bien ; si au lieu des bénédictions qui m’étoient dues, mon nom que tout devoit rendre honorable n’est prononce dans l’avenir qu’avec imprécation ! Non, je ne supporterois jamais une si cruelle idée ; elle absorberoit tout ce qui m’est