Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/436

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Les oracles des Grands ont toujours un grand crédit sur le peuple. On n’a fait qu’y ajouter un air de mystère pour les faire mieux circuler. Les philosophes pour conserve une certaine gravite, se sont donnes, en se faisant chefs de parti, des multitudes de petits élevés qu’ils ont inities aux secrets de la secte, & dont ils ont fait autant d’émissaires & d’opérateurs de sourdes iniquités ; & répandant par eux les noirceurs qu’ils inventoient & qu’ils seignoient eux de vouloir cacher, ils étendoient ainsi leur cruelle influence dans tous les rangs sans excepter les plus élevés. Pour s’attacher inviolablement leurs créatures, les chefs ont commence par les employer à mal faire, comme Catilina fit boire à ses conjures le sang d’un homme, surs que par ce mal ou ils les avoient fait tremper, ils les tenoient lies pour le reste de leur vie. Vous avez dit que la vertu n’unit les hommes que par des liens fragiles, au lieu que les chaînes du crime sont impossibles à rompre. L’expérience en est sensible dans l’histoire de J. J. Tout ce qui tenoit à lui par l’estime & la bienveillance que sa droiture & la douceur de son commerce, devoient naturellement inspirer, s’est éparpille sans retour à la premiere épreuve ou n’est reste que pour le trahir. Mais les complices de nos Messieurs n’oseront jamais ni les démasquer, quoiqu’il arrive, de peur d’être démasqués eux-mêmes, ni se détacher d’eux de peur de leur vengeance, trop bien instruits de ce qu’ils savent faire pour l’exercer. Demeurant ainsi tous unis par la crainte plus que les bons ne le sont par l’amour, ils forment un corps indissoluble dont chaque membre ne peut plus être sépare.