Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/469

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m’avoir lu. Ce ton sera le même qu’auparavant, ingénu, patelin, bénevole ; ils me plaindront beaucoup de voir si noir ce qui est si blanc, car ils ont tous la candeur des Cygnes : mais ils ne comprendront rien a tout ce que j’ai dit la. Ceux-la, juges a l’instant, ne me surprendront point du tout, & me fâcheront très-peu. Mais si, contre toute attente, il s’en trouve un que unes raisons frappent & qui commence a soupçonner la vérité, je ne resterai pas un moment en doute sur cet effet, & j’ai le signe assure pour le distinguer des autres quand même il ne voudroit pas s’ouvrir a moi. C’est de celui la que je serai mon dépositaire, sans même examiner si je dois compter sur sa probité : car je n’ai besoin que de son jugement pour l’intéresser a m’être fidelle. Il sentira qu’en supprimant mon dépôt il n’en tire aucun avantage, qu’en le livrant a mis ennemis il ne leur livre que ce qu’ils ont déjà, qu’il ne peut par conséquent donner, un grand prix a cette trahison, ni éviter tôt ou tard par elle le juste reproche d’avoir fait une vilaine action. Au lieu qu’en gardant mon dépôt il reste toujours le maître de le supprimer quand il voudra, & peut un jour, si des révolutions assez naturelles changent les dispositions du public se faire un honneur infini & tirer de ce même dépôt un grand avantage dont il se prive en le sacrifiant. S’il sait prévoir & s’il peut attendre, il doit en raisonnant