Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/166

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4. Faites qu’ils aient un grand intérêt à reste long-tems à votre service, qu’ils s’y attachent à mesure qu’ils y restent, qu’ils craignent, par conséquent, d’autant plus d’en sortir qu’ils y sont restés plus long-tems. La raison & les moyens de cela se trouvent dans le livre indiqué.

Ceci sont les données que je peux supposer, parce que, bien qu’elles demandent beaucoup de peine, enfin elles dépendent de vous.

Cela posé :

Quelque tems avant que de leur parler, vous avez quelquefois des entretiens à table sur l’éducation de votre enfant, & sur ce que vous vous proposez de faire, sur les difficultés que vous aurez à vaincre, & sur la ferme résolution où vous êtes dt n’épargner aucun soin pour réussir. Probablement vos gens n’auront pas manqué de critiquer entr’eux la maniere extraordinaire d’élever l’enfant ; ils y auront trouvé de la bizarrerie, il la faut justifier, mais simplement & en peu de mots. Du reste, il faut montrer votre objet beaucoup plus du côté moral & pieux, que du côté philosophique. Madame la Princesse en ne consultant que son cœur peut y mêler des mots charmans. M. Tissot peut ajouter quelques réflexions dignes de lui.

On est si peu accoutumé de voir les Grands avoir des entrailles, aimer la vertu, s’occuper de leurs enfans, que ces conversations courtes & bien ménagées ne peuvent maquer de produire un grand effet. Mais sur-tout nulle ombre d’affectation, point de longueur. Les domestiques ont l’œil très-perçant : tout seroit perdu s’ils soupçonnoient seulement qu’il y eût en cela rien de concerté ; & en effet rien ne doit l’être. Bon pere, bonne mere, laissez parler vos cœurs avec simplicité :