Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/199

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le fer ni le plomb ne s’allient pas avec l’or. Permettez-moi de vous le dire par l’intérêt que je prends à votre repos & à notre instruction. Méprisez de vaines clameurs par lesquelles on cherche moins à vous faire du mal, qu’à vous détourner de bien faire. Plus on vous critiquera, plus vous devez vous faire admirer. Un bon livre est une terrible réponse à des injures imprimées ; & qui vous oseroit attribuer des écrits que vous n’aurez point faits, tant que vous n’en serez que d’inimitables ?

Je suis sensible à votre invitation ; & si cet hiver me laisse en état d’aller au printems habiter ma patrie, j’y profiterai de vos bontés. Mais j’aimerois mieux boire de l’eau de votre fontaine que du lait de vos vaches, & quant aux herbes de votre verger, je crains bien de n’y en trouver d’autres que le Lotos, qui n’est pas la pâture des bêtes, & le Moly qui empêche les hommes de le devenir.

Je suis de tout mon cœur & avec respect, &c.

BILLET DE M. DE VOLTAIRE.

Monsieur Rousseau a dû recevoir de moi une lettre de remerciement. Je lui ai parlé dans cette lettre des dangers attachés à la littérature. Je suis dans le cas d’essuyer ces dangers ; on fait courir dans Paris des ouvrages sous mon nom. Je dois saisir l’occasion la plus favorable de les désavouer. On m’a conseillé de faire imprimer la lettre que j’ai écrite à M.