Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/202

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de cette lettre, pourquoi ne pas me communiquer votre copie pour la revoir ? Si vous ne l’avez pas cru, pourquoi l’imprimer sous mon nom ? S’il est peu convenable d’imprimer les lettres d’autrui sans l’aveu des auteurs, il l’est beaucoup moins de les leur attribuer sans être sûr qu’ils les avouent, ou même qu’elles soient d’eux, & bien moins encore lorsqu’il est à croire qu’ils ne les ont pas écrites telles qu’on les a Le Libraire de M. de Voltaire, qui avoir à cet égard plus de droit que personne, a mieux aimé s’abstenir d’imprimer la mienne que de l’imprimer sans mon consentement, qu’il avoit eu l’honnêteté de me demander. Il me semble, qu’un homme aussi justement estimé que vous ne devroit pas recevoir d’un Libraire des leçons de procédés. J’ai d’autant plus, Monsieur, à me plaindre du vôtre en cette occasion, que, dans le même volume où vous avez mis, sous mon nom, un écrit aussi mutilé, vous craignez avec raison d’imputer à M. de Voltaire des vers qui ne soient pas de lui. Si un tel égard n’étoit dû qu’à la considération, je me garderois d’y prétendre ; mais il est un acte de justice, & vous la devez à tout le monde.

Comme il est bien plus naturel de m’attribuer une sotte lettre qu’à vous un procédé peu régulier, & que par conséquent je resterois chargé du tort de cette affaire, si je négligeois de m’en justifier ; je vous supplie de vouloir bien inférer ce désaveu dans le prochain Mercure, & d’agréer, Monsieur, mon respect & mes salutations.