Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/226

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si elles sont quelque impression sur vous, alors nous entrerons en éclaircissement vous retrouverez un ami digne de vous, & qui peut-être ne vous aura pas été inutile. J’ai pour vous exhorter à cet examen un motif de grand poids, & ce motif, le voici.

Vous pouvez avoir été séduit & trompé. Cependant, votre ami gémit dans sa solitude, oublié de tout ce qui lui étoit cher. Il peut y tomber dans le désespoir ; y mourir enfin, maudissant l’ingrat dont l’adversité lui fit tant verser de larmes, & qui l’accable indignement dans la sienne ; il se peut que les preuves de son innocence vous parviennent enfin, que vous soyez forcé d’honorer sa mémoire,*

[*Voyez, Lecteurs, les notes insérées dans la vie de Séneque.] & que l’image de votre ami mourant ne vous laisse pas des nuits tranquilles. Diderot, pensez-y. Je ne vous en parlerai plus.

LETTRE À M. VERNES.

Montmorenci le 25 Mars 1758.

Oui, mon cher Vernes, j’aime à croire que nous sommes tous deux bien aimés l’un de l’autre & dignes de l’être. Voilà ce qui fait plus au soulagement de mes peines que tous les trésors du monde ; ah, mon ami, mon Concitoyen, sache m’aimer & laisse-là tes inutiles offres ; en me donnant ton