Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/228

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ni dans l’espoir que je fonde sur sa justice. Au reste, mon cher Concitoyen, j’ai voulu verser mon cœur dans votre sein, & non pas entrer en lice avec vous ; ainsi, restons-en là, s’il vous plaît ; d’autant plus que ces sujets ne se peuvent traiter guerres commodément par lettres.

J’étois un peu mieux, je retombe. Je compte pourtant un peu sur le retour du printems ; mais je n’espere plus recouvrer des forces suffisantes pour retourner dans la patrie. Sans avoir lu votre déclaration, je la respecte d’avance & me félicite d’avoir le premier donné à votre respectable Corps, des éloges qu’il justifie si bien aux yeux de toute l’Europe.

Adieu, mon ami.

LETTRE. AU MÊME.

Montmorenci le 25 Mai 1758.

Je vous écris pas exactement, mon cher Vernes mais je pense à vous tous les jours. Les maux, les langueurs, les peines augmentent sans cesse ma paresse ; je n’ai plus rien d’actif que le cœur ; encore, hors Dieu, ma patrie & le genre-humain, n’y reste-t-il d’attachement que pour vous ; & j’ai connu les hommes par de si tristes expériences que si vous me trompiez comme les autres, j’en serois affligé sans doute, mais je n’en serois plus surpris. Heureusement je ne présume rien de semblable de votre part, & je suis persuadé que si