Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/248

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respectables Seigneurs ; parlez-leur avec cette simplicité touchante qu’ils aiment dans votre lettre ; soyez avec eux sincere en tout, & croyez que leurs cœurs bienfaisans s’ouvriront à la candeur du vôtre : Louison sera protégée, si elle mérite de l’être, & vous, Monsieur, vous serez estimé comme le mérite votre bonne action. Que si dans cette attente, quoiqu’assez courte, la situation de la jeune personne étoit trop dure, vous devez savoir que quant à présent je puis payer, modiquement à la vérité, le tribut dû par quiconque a son nécessaire aux indigens honnêtes qui ne l’ont pas.

LETTRE À M. VERNES.

Montmorenci le 24 Juin 1761.

J’étois presque à l’extrémité, cher Concitoyen, quand j’ai reçu votre lettre, & maintenant que j’y réponds, je suis dans un état de souffrances continuelles qui, selon toute apparence, ne me quitteront qu’avec la vie. Ma plus grande consolation dans l’état où je suis est de recevoir des témoignages d’intérêt de mes compatriotes, & sur-tout de vous, cher Vernes, que j’ai toujours aimé & que j’aimerai toujours. Le cœur me rit, & il me semble que je me ranime au projet d’aller partager avec vous cette retraite charmante, qui me tente encore plus par son habitant que par elle-même. Oh, si Dieu raffermissoit assez ma santé pour me mettre en état