public que vous cherchez, vous ne trouverez que la gloire que vous semblez craindre.
Quoi qu’il en soit, je ne puis qu’être sensible à l’honneur que vous me faites de m’associer en quelque sorte, par votre correspondance, à de si nobles travaux. Mais en me la proposant, vous ignoriez sans doute, que vous vous adressiez à un pauvre malade qui, après avoir effrayé dix ans du triste métier d’auteur, pour lequel il n’étoit point fait, y renonce dans la joie de son cœur, & après avoir eu l’honneur d’entrer en lice avec respect, mais en homme libre, contre une tête couronnée, ose dire en quittant la plume, pour ne la jamais reprendre :
Victor cestus artemque repono.
Mais sans aspirer aux prix donnés par votre munificence, j’en trouverai toujours un très-grand dans l’honneur de votre estime, & si vous me jugez digne de votre correspondance, je ne refuse point de l’entretenir, autant que mon état, ma retraite, & mes lumieres pourront, le permettre ; & pour commencer par ce que vous exigez de moi, je vous dirai que votre plan, quoique très-bien fait, me paroît généraliser un peu trop les idées, & tourner trop, vers la métaphysique, des recherches qui deviendroient plus utiles, selon vos vues, si elles avoient des applications pratiques, locales & particulieres. Quant à vos questions, elles sont très-belles, la troisieme*
[*Quel peuple a jamais été le plus heureux. ?] sur-tout me plaît beaucoup ; c’est celle qui me tenteroit si j’avois à écrire. Vos vues en la proposant sont assez claires, & il faudra que celui qui la traitera, soit bien maladroit s’il ne les remplit pas. Dans la premiere où vous demandez