Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/330

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donné pour tel : je ne le fus, ni ne le suis, ni ne veux l’être. Peut-on forcer un homme à mériter malgré lui, un titre qu’il ne veut pas porter ? Je sais qu’il n’est permis qu’aux philosophes de parler philosophie ; mais il est permis à tout homme de parler de la philosophie ; & je n’ai rien fait de plus. J’ai bien aussi parlé quelquefois de la danse, quoique je ne sois pas danseur ; & si j’en ai parlé même avec trop de zele à votre avis, mon excuse est que j’aime la danse, au lieu que je n’aime point du tout la philosophie. J’ai pourtant eu rarement la précaution que vous me prescrivez, de danser avec les filles, pour éviter la tentation. Mais j’ai eu souvent l’audace de courir le risque tout entier, en osant les voir danser sans danser moi-même. Ma seule précaution a été de me livrer moins aux impressions des objets, qu’aux réflexions qu’ils me faisoient naître, & de rêver quelquefois, pour n’être pas séduit. Je suis fâché, mon cher Monsieur, que mes rêveries aient eu le malheur de vous déplaire. Je vous assure que ce ne fut jamais mon intention ; & je vous salue de tout mon cœur.

LETTRE À M. D E****.

Motiers le 6 Mars 1763.

J’ai eu, Monsieur, l’imprudence de lire le mandement que M. l’Archevêque de Paris a donné contre mon livre, la foiblesse d’y répondre, & l’étourderie d’envoyer aussi-tôt cette