Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/338

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nulle part ; c’est d’avoir laissé ma mémoire en estime dans le pays où j’ai vécu. Bonjour, Mylord.

LETTRE À MADAME DE *****.

Le 27 Mars 1763.

Que votre lettre, Madame, m’a donné d’émotions diverses ! Ah ! cette pauvre Mad. De ***....... ! Pardonnez, si je commence par elle. Tant de malheurs..... une amitié de treize ans.. Femme aimable & infortunée !.....vous la plaignez, Madame ; vous avez bien raison : son mérite doit vous intéresser pour elle ; mais vous la plaindriez bien davantage, si vous aviez vu comme moi, toute sa résistance à ce fatal mariage. Il semble qu’elle prévoyoit son sort. Pour celle-là, les écus ne l’ont pas éblouie ; on l’a bien rendue malheureuse malgré elle. Hélas ! elle n’est pas la seule. De combien de maux j’ai à gémir ! Je ne suis point étonné des bons procédés de Mad. * * * ; rien de bien ne me surprendra de sa part ; je l’ai toujours estimée & honorée ; mais avec tout cela elle n’a pas Partie de Mad. de * * *. Dites-moi ce qu’est devenu ce misérable : je n’ai plus entendu parler de lui.

Je pense bien comme vous, Madame ; je n’aime point que vous soyez à Paris. Paris, le siége du goût & de la politesse, convient à votre esprit, à votre ton, à vos manieres, mais le séjour du vice ne convient point à vos mœurs, & une ville où l’amitié ne résiste ni à l’adversité ni à l’absence, ne sauroit