Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/34

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puissans ? Nous avons montré qu’elle ne sauroit être durable ; & il est bien aisé maintenant de voir encore qu’elle est incompatible avec le systême particulier de chaque grande Puissance, & avec les intérêts inséparables de sa constitution. Seroit-ce entre un grand Etat & plusieurs petits ? Mais les autres grands Etats, unis à la confédération, auront bientôt écrasé la ligue : & l’on doit sentir que la grande alliance étant toujours unie & armée, il lui sera facile, en vertu du quatrième article, de prévenir & d’étouffer d’abord toute alliance partielle & séditieuse, qui tendroit à troubler la paix & l’ordre public. Qu’on voie ce qui se passe dans le Corps Germanique, malgré les abus de sa police & l’extrême inégalité de ses membres : y en a-t-il un seul, même parmi les plus puissans, qui osât s’exposer au ban de l’Empire en blessant ouvertement sa constitution, à moins qu’il ne crût avoir de bonnes raisons de ne point craindre que l’Empire voulût agir contre lui tout de bon ?

Ainsi je tiens pour démontré que la Diète Européenne une fois établie, n’aura jamais de rébellion à craindre, & que, bien qu’il n’y puisse introduire quelques abus, ils ne peuvent jamais aller jusqu’à éluder l’objet de l’institution. Reste à voir si cet objet sera bien rempli par l’institution même.

Pour cela, considérons les motifs qui mettent aux Princes les armes à la main. Ces motifs sont, ou de faire des conquêtes, ou de se défendre d’un Conquérant, ou d’affoiblir un trop puissant voisin, ou de soutenir ses droite attaqués, ou de vider un différend qu’on n’a pu terminer à l’amiable, ou enfin de remplir les engagemens d’un traité. Il n’y a ni cause, ni prétexte de guerre qu’on ne puisse ranger sous quelqu’un