Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/340

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pour juges de mon Livre, & se sont aussi bêtement qu’insolemment arrogé le droit de me censurer ; après avoir rapidement parcouru leur sot écrit, je l’ai jette par terre, & j’ai craché dessus pour toute réponse. Mais je n’ai pu lire avec le même,dédain, le Mandement qu’a donné contre moi M. l’Archevêque de Paris ; premiérement parce que l’ouvrage en lui-même est beaucoup moins inepte ; & parce que, malgré les travers de l’Auteur, je l’ai toujours estimé & respecté. Ne jugeant donc pas cet écrit indigne d’une réponse, j’en ai fait une qui a été imprimée en Hollande, & qui, si elle n’est pas encore publique, le sera dans peu. Si elle pénetre jusqu’à Paris & que vous en entendiez parler, Madame, je vous prie de me marquer naturellement ce qu’on en dit ; il m’importe de le savoir. Il n’y a que vous de qui je puisse apprendre ce qui se passe à mon égard, dans un pays où j’ai passé une partie de ma vie, où j’ai eu des amis, & qui ne peut me devenir indifférent. Si vous n’étiez pas à portée de voir cette lettre imprimée ; & que vous pussiez m’indiquer quelqu’un de vos amis qui eût les ports francs, je vous l’enverrois d’ici : car quoi-que la brochure soit petite, en vous l’envoyant directement, elle vous coûteroit vingt fois plus de port, que ne valent l’ouvrage & l’auteur.

Je suis bien touché des bontés de Mademoiselle L * * *. & des soins qu’elle veut bien prendre pour moi ; mais je serois bien fâché qu’un aussi joli travail que le lien, & si digne d’être mis en vue, restât caché sous mes grandes vilaines manches d’Arménien. En vérité, je ne saurois me résoudre à le profaner ainsi, ni par conséquent à l’accepter, à moins qu’elle ne m’ordonne