Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/341

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de le porter en écharpe ou en collier, comme un ordre chevalerie institué en son honneur.

Bonjour, Madame, recevez les hommages de votre pauvre voisin. Vous venez de me faire passer une demi-heure délicieuse, & en vérité j’en avois besoin ; car depuis quelques mois, je souffre presque sans relâche de mon mal & de mes chagrins. Mille choses, je vous supplie, à Monsieur le Marquis.

LETTRE À MADAME ***.

Le 31 Octobre 1762.

En m’annonçant, Madame, dans votre lettre du 22 Septembre (c’est je crois le 2 2 Octobre) un changement avantageux dans mon sort, vous m’avez d’abord fait croire que les hommes qui me persécutent, s’étoient lassés de leurs méchancetés ; que le Parlement de Paris avoit levé son inique décret ; que le Magistrat de Geneve avoit reconnu son tort ; & que le public me rendoit enfin justice. Mais loin de-là, je vois par votre lettre même qu’on m’intente encore de nouvelles accusations : le changement de sort que vous m’annoncez se réduit à des offres de subsistance dont je n’ai pas besoin quant à présent. Et comme j’ai toujours compté pour rien, même en santé, un avenir aussi incertain que la vie humaine ; c’est pour moi, je vous jure, la chose la plus indifférente que d’avoir à dîner dans trois ans d’ici.