Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/351

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Ces vues n’ont rien que de louable, vous en êtes convenu vous-même ; & quand vous m’apprenez qu’on me prête celle d’avoir voulu jetter du ridicule sur le Christianisme, vous sentez en même tems combien cette imputation est ridicule elle-même ; puisqu’elle porte uniquement sur un dialogue dans un langage improuvé des deux côtés dans l’ouvrage même, & où l’on ne trouve assurément rien d’applicable au vrai Chrétien. Pourquoi les Réformés prennent-ils ainsi fait & cause pour L’Eglise Romaine ? Pourquoi s’échauffent-ils si fort quand on releve les vices de son argumentation qui n’a point été la leur jusqu’ici ? Veulent-ils donc se rapprocher peu-à-peu de ses manieres de penser, comme ils se rapprochent déjà de son intolérance, contre les principes fondamentaux de leur propre communion ?

Je suis bien persuadé, Monsieur, que si j’eusse toujours vécu en pays protestant, alors ou la profession du Vicaire Savoyard n’eût point été faite, ce qui certainement eût été un mal à bien des égards, ou selon toute apparence elle eût eu dans sa seconde partie, un tour fort différent de celui qu’elle a.

Je ne pense pas cependant, qu’il faille supprimer les objections qu’on ne peut résoudre ; car cette adresse subreptice a un air de mauvaise foi qui me révolte, & me fait craindre qu’il n’y ait au fond peu de vrais croyans. Toutes les connoissances humaines ont leurs obscurités, leurs difficultés, leurs objections que l’esprit humain trop borné ne peut résoudre. La Géométrie elle-même en a de telles, que les Géométres ne s’avisent point de supprimer, & qui ne rendent pas pour cela, leur science incertaine. Les objections n’empêchent pas qu’une