Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/387

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tous les plaisirs ont beau être pour les méchans ; en voilà pourtant un que je leur défie de goûter. Il n’a rien eu de plus pressé que de me donner avis du changement de sa fortune ; vous devine aisément pourquoi. Félicitez-moi de tous mes malheurs, Madame ; ils m’ont donné pour ami Mylord Maréchal.

Sur vos offres qui regardent Mlle. le Vasseur & moi, je commencerai, Mylord, par vous dire que loin de mettre de l’amour-propre à me refuser à vos dons, j’en mettrois un très-noble à les recevoir. Ainsi là-dessus point de dispute ; les preuves que vous vous intéressez à moi, de quelque genre qu’elles puissent être, sont plus propres à m’enorgueillir qu’à m’humilier, & je ne m’y refuserai jamais, soit dit une fois pour toutes.

Mais j’ai du pain quant à présent, & au moyen des arrangemens que je médite, j’en aurai pour le reste de mes jours. Que me serviroit le surplus ? Rien ne me manque de ce que je desire & qu’on peut avoir avec de l’argent. Mylord, il faut préférer ceux qui ont besoin à ceux qui n’ont pas besoin, & je suis dans ce dernier cas. D’ailleurs, je n’aime point qu’on me parle de testamens. Je ne voudrois pas être, moi le sachant dans celui d’un indifférent ; jugez si je voudrois me savoir dans le vôtre.

Vous savez, Mylord, que Mlle. le Vasseur a une petite pension de mon Libraire, avec laquelle elle peut vivre, quand elle ne m’aura plus. Cependant, j’avoue que le bien que vous voulez lui faire m’est plus précieux que s’il me regardoit directement, & je suis extrêmement touché de ce moyen trouvé par