Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/389

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auroit fait par ses armes. L’asyle qu’il vous presse d’accepter, est le seul digne de vous ; allez, Mylord, à votre destination, il vous convient de vivre auprès de Fréderic, comme il m’eût convenu de vivre auprès de George Keith. Il n’est ni dans l’ordre de la justice, ni dans celui de la fortune, que mon bonheur soit préféré au vôtre. D’ailleurs, mes maux empirent & deviennent presque insupportables ; il ne me reste qu’à souffrir & mourir sur la terre ; & en vérité c’eût été dommage de n’aller vous joindre que pour cela.

Voilà donc ma derniere espérance évanouie.......Mylord, puisque vous voilà devenu si riche & si ardent à verser sur moi vos dons, il en est un que j’ai souvent desiré, & qui malheureusement me devient plus desirable encore, lorsque je perds l’espoir de vous revoir. Je vous laisse expliquer cette énigme. Le cœur d’un pere est fait pour la deviner.

Il est vrai que le trajet que vous préférez, vous épargnera de la fatigue. Mais si vous n’étiez pas bien fait à la mer, elle pourroit vous éprouver beaucoup à votre âge, sur-tout s’il survenoit du gros tems. En ce cas, le plus long trajet par terre me paroîtroit préférable, même au risque d’un peu de fatigue de plus. Comme j’espere aussi que vous attendrez, pour vous