Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/449

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est de la placer en rentes viageres, & puisque vous voulez bien vous charger de cet emploi, elle vous sera comptée, & tout est dit. Il convient seulement pour la sureté de la chose, que tout soit payé, avant que l’on commence l’impression du dernier volume ; parce que je n’ai pas le tems d’attendre le débit de l’édition pour assurer mon état.

Mais comme une telle somme en argent comptant pourroit gêner les entrepreneurs, vu les grandes avances qui leur sont nécessaires, ils aimeront mieux me faire une rente viagere, ce qui, vu mon âge & l’état de ma santé, leur doit probablement tourner plus à compte. Ainsi, moyennant des suretés dont vous soyez content, j’accepterai la rente viagere, sauf une somme en argent comptant lorsqu’on commencera l’édition, & pourvu que cette somme ne soit pas moindre que cinquante louis, je m’en contente en déduction du capital dont on me fera la rente.

Voilà, Monsieur, les divers arrangemens dont je leur laisserois le choix, si je traitois directement avec eux ; mais comme il se peut que je me trompe, ou que j’exige trop, ou qu’il y ait quelque meilleur parti à prendre pour eux ou pour moi, je n’entends point vous donner en cela des regles auxquelles vous deviez vous tenir dans cette négociation. Agissez pour moi comme un bon tuteur pour son pupille, mais ne chargez pas ces Messieurs d’un traité qui leur soit onéreux. Cette entreprise n’a de leur part qu’un objet de profit, il faut qu’ils gagnent ; de ma part elle a un autre objet, il suffit que je vive ; & toute réflexion faite, je puis bien vivre à moins de ce que je vous ai marqué. Ainsi n’abusons pas de la résolution où ils paroissent