Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/515

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Celui qui erre en Chrétien ne fait pas qu’il erre. S’il redressoit ses erreurs sans les connoître, il n’erreroit pas moins, & de plus il mentiroit. Ce ne seroit plus errer en Chrétien.

Est-ce s’appuyer sur l’autorité de l’Evangile que de rendre douteux les miracles ? Oui, quand c’est par l’autorité même de l’Evangile qu’on rend douteux les miracles.

Et d’y jetter du ridicule ? Pourquoi non, quand s’appuyant sur l’Evangile on prouve que ce ridicule n’est que dans les interprétations des Théologiens ?

Je suis sûr que M. de M. se félicitoit ici beaucoup de ton laconisme. Il est toujours aisé de répondre à de bons raisonnemens par des sentences ineptes.

Quant à la note de Théodore de Béze, il n’a pas voulu dire autre chose sinon que la foi du Chrétien n’est pas appuyée uniquement sur les miracles.

Prenez garde, Monsieur le Professeur ; ou vous n’entendez pas le latin, ou vous êtes un homme de mauvaise foi.

Ce passage non satis tuta fides eorum qui miraculis nituntur ne signifie point du tout, comme vous le prétendez, que la foi du Chrétien n’est pas appuyée uniquement sur les miracles.

Au contraire, il signifie très-exactement que la foi de quiconque s’appuye sur les miracles est peu solide. Ce sens se rapporte fort bien au passage de saint Jean qu’il commente, & qui dit de Jésus que plusieurs crurent en lui, voyant ses miracles, mais qu’il ne leur confioit point pour cela sa personne parce qu’il les connoissoit bien. Pensez-vous qu’il auroit aujourd’hui plus de confiance en ceux qui sont tant de bruit de même soi ?