Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/534

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de ma voiture n’est pas arrangée, parce que je sais qu’on m’en a imposé : c’est une petite faute qui peut n’être que l’ouvrage d’une vanité obligeante, quand elle ne revient pas deux fois. Si vous y avez trempé, je vous conseille de quitter une fois pour toutes ces petites ruses qui ne peuvent avoir un bon principe quand elles se tournent en piéges contre la simplicité. Je vous embrasse, mon cher Patron, avec le même cœur que j’espere & desire trouver en vous.

LETTRE AU MÊME.

Wootton le 29 Mars 1766.

Vous avez vu, mon cher Patron, par la lettre que M. Davenport a dû vous remettre, combien je me trouve ici placé selon mon goût. J’y serois peur-être plus à mon aise si l’on y avoit pur moi moins d’attentions ; mais les soins d’un

si galant homme sont trop obligeans pour s’en fâcher ; & comme tout est mêlé d’inconvéniens dans la vie, celui d’être trop bien est un de ceux qui se tolerent le plus aisément. J’en trouve un plus grand à ne pouvoir me faire bien entendre, des domestiques, ni sur-tout entendre un mot de ce qu’ils me disent. Heureusement Mademoiselle le Vasseur nie sert d’interprete, & ses doigts parlent mieux que ma langue. Je trouve même à mon ignorance un avantage qui pourra faire compensation, c’est d’écarter les oisifs en les ennuyant. J’ai eu hier la visite de M. le Ministre qui, voyant que je ne lui