Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/556

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Pasteur d’une paroisse où l’on vouloir m’établir, vient nous voir. M. Hume, moi présent, lui fait mes excuses de ne l’avoir pas prévenu ; le Docteur Maty, lui dit-il, nous avoit invités pour jeudi au Musaeum où M. Rousseau devoit vous voir ; mais il préféra d’aller avec Madame Garrick à la comédie : on ne peut pas faire tant de choses en un jour. Vous m’avouerez, Monsieur, que c’étoit-là une étrange façon de me capter la bienveillance de M. Penneck.

Je ne sais ce qu’avoit pu dire en secret M. Hume à ses connoissances ; mais rien n’étoit plus bizarre que leur façon d’en user avec moi de son aveu, souvent même par son assistance. Quoique ma bourse ne fût pas vide, que je n’eusse besoin de celle de personne, & qu’il le fût très-bien, l’on eût dit que je n’étois là que pour vivre aux dépens du public, & qu’il n’étoit question que de me faire l’aumône, de maniere à m’en sauver un peu l’embarras ; je puis dire que cette affectation continuelle & choquante est une des choses qui m’ont fait prendre le plus en aversion le séjour de Londres. Ce n’est surement pas sur ce pied qu’il faut présenter en Angleterre un homme à qui l’on veut attirer un peu de considération : mais cette charité peut être bénignement interprétée, & je consens qu’elle le soit. Avançons.

On répand à Paris une fausse lettre du Roi de Prusse, à moi adressée & pleine de la plus cruelle malignité. J’apprends avec surprise que c’est un M. Walpole, ami de M. Hume, qui répand cette lettre ; je lui demande si cela est vrai ; mais pour toute réponse il me demande de qui je le tiens. Un moment auparavant, il m’avoir donné une carte pour ce même M. Walpole,