Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/571

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cette condition, pour ne pas exposer Sa Majesté à un se refus.

C’étoit ici le moment décisif, la fin, l’objet de tous ses vaux. Il lui falloit une réponse, il la vouloir. Pour que je ne pusse me dispenser de la faire il envoie à M. Davenport duplicata de sa lettre, & non content de cette précaution, il m’écrit dans un autre billet qu’il ne sauroit rester plus long-tems à Londres pour mon service. La tête me tourna presque en lisant ce billet. De mes jours je n’ai rien trouvé de inconcevable.

Il l’a donc enfin cette réponse tant desirée, & se presse déjà d’en triompher. Déjà écrivant à M. Davenport, il me traite d’homme féroce & de monstre d’ingratitude. Mais il lui fait plus. Ses mesures sont bien prises, à ce qu’il pense : nulle preuve contre lui ne peut échapper. Il veut une explication : il l’aura ; & la voici.

Rien ne la conclut mieux que le dernier trait qui l’amene. Seul il prouve tout & sans replique.

Je veux supposer, par impossible, qu’il n’est rien revenu à M. Hume de mes plaintes contre lui : il n’en sait rien, il ignore aussi parfaitement que s’il n’eût été faufilé avec personne qui en fût instruit, aussi parfaitement que si durant ce tems il eût vécu à la Chine. Mais ma conduite immédiate entre lui & moi ; les derniers mots si frappans que je lui dis à Londres ; la lettre qui suivit pleine d’inquiétude & de crainte ; mon silence obstiné plus énergique que des paroles ; ma plainte amere & publique au sujet de la lettre de M. d’Alembert ; ma lettre au Ministre, qui ne m’a point écrit, en réponse à celle qu’il m’écrit