Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/587

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de mettre sur leur compte, le mal que jusqu’à ma mort il ne cessera de me faire en secret.

Vous me dites encore, Mylord, que je trouve mauvais que M. Hume ait sollicité la pension du Roi d’Angleterre à mon insçu. Comment avez-vous pu vous laisser surprendre au point d’affirmer ainsi ce qui n’est pas ? Si cela étoit vrai, je serois un extravagant, tout au moins ; mais rien n’est plus faux. Ce qui m’a fâché, c’étoit qu’avec sa profonde adresse il se soit servi de cette pension, sur laquelle il revenoit à mon insçu quoique refusée, pour me forcer de lui motiver mon refus & de lui faire la déclaration qu’il vouloit absolument avoir, & que je voulois éviter, sachant bien l’usage qu’il en vouloit faire. Voilà, Mylord, l’exacte vérité, dont j’ai les preuves, & que vous pouvez affirmer.

Graces au ciel, j’ai fini quant à présent sur ce qui regarde M. Hume. Le sujet dont j’ai maintenant à vous parler est tel que je ne puis me résoudre à le mêler avec celui-là dans la même lettre. Je le réserve pour la premiere que je vous écrirai. Ménagez pour moi vos précieux jours, je vous en conjure. Ah ! vous ne savez pas, dans l’abyme de malheurs où je suis plongé, quel seroit pour moi celui de vous survivre !