Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/653

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tout, n’est pas de suivre servilement mes idées, au contraire c’est souvent de les corriger ; mais de s’attacher aux principes, & d’en suivre exactement les conséquences avec les modification qu’exige nécessairement toute application particuliere. Vous ne pouvez ignorer quelle tâche immense vous vous donnez. Vous voilà pendant dix ans au moins, nul pour vous -même, & livré tout entier avec toutes vos facultés à votre Eleve. Vigilance, patience, fermeté, voilà sur-tout trois qualités sur lesquelles vous ne sauriez vous relâcher un seul instant, sans risquer de tout perdre. Oui de tout perdre, entiérement tout. Un moment d’impatience, de négligence ou d’oubli, peut vous ôter le fruit de six ans de travaux, sans qu’il vous en reste rien du tout, pas même la possibilité de le recouvre par le travail de dix autres. Certainement s’il y a quelque chose qui mérite le nom d’héroïque & de grand parmi les hommes, c’est le succès des entreprises pareilles à la vôtre ; car le succès est toujours proportionné à la dépense de talens & de vertus dont on l’a acheté. Mais aussi, quel don vous aurez fait à vos semblables, & quel prix pour vous même de vos grands & pénibles travaux. Vous vous serez fait un ami, car c’est là le terme nécessaire du respect, de l’estime, & de la reconnoissance dont vous l’aurez pénétré. Voyez, Monsieur.... dix ans de travaux immenses, & toutes les plus douces jouissances de la vie pour le reste de vos jours & au-delà. Voilà les avances que vous avez faites, & voilà le prix qui doit les payer. Si vous avez besoin d’encouragement dans cette entreprise vous me trouverez toujours prêt. Si vous avez besoin de conseils, ils sont désormais au-dessus de mes forces. Je