Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/667

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Toutes vos lettres sont ouvertes ; la derniere l’a été ; celle-ci le sera ; rien n’est plus certain. Je vous en dirois bien la raison, mais ma lettre ne vous parviendroit pas. Comme ce n’est pas à vous qu’on en veut, & que ce ne sont pas vos secrets qu’on y cherche, je ne crois pas que ce que vous pourriez avoir à me dire, fût exposé à beaucoup d’indiscrétion ; mais encore faut-il que vous soyez avertie.

LETTRE À LA MÊME.

Monquin, le 2 Février 1770.

Si votre dessein, Madame, lorsque vous commençâtes de m’écrire, étoit de me circonvenir & de m’abuser par des cajoleries, vous avez parfaitement réussi. Touché de vos avances, je prêtois à votre âme la candeur de votre âge ; dans l’attendrissement de mon cœur, je vous regardois déjà comme l’aimable consolatrice de mes malheurs & de ma vieillesse ; & l’idée charmante que je me faisois de vous, effaçoit l’idée horrible des auteurs des trames dont je suis enlacé. Me voilà désabusé ; c’est l’ouvrage de votre derniere lettre. Son tortillage ne peut être ni la réponse que la mienne a dû naturellement vous suggérer, ni le langage ouvert & franc de la droiture. Pour moi ce langage ne cessera jamais d’être le mien ; je vois que vous avez respiré l’air de votre voisinage. Eh ! mon Dieu, Madame, vous voilà bien jeune initiée à des mysteres bien