Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/677

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mais non pas pour une situation dure mais passagere, ni pour des maux qu’une meilleure fortune peut finir dès demain. La misere n’est jamais un état sans ressources sur-tout à votre âge, elle laisse toujours l’espoir bien fondé de la voir finir quand on y travaille avec courage, & qu’on a des moyens pour cela. Si vous craignez que votre ennemi n’exécute sa menace, & que vous ne vous sentiez pas la constance de supporter ce malheur, cédez à l’orage & quittez Paris, qui vous en empêche ? Si vous aimez mieux le braver, vous le pouvez non sans danger, mais sans opprobre. Croyez-vous être le seul qui ennemis puissans, qui soit en péril dans Paris, & qui ne laisse pas d’y vivre tranquille en mettant les hommes au pis, content de se dire à lui-même, je reste au pouvoir de mes ennemis dont je connois la ruse & la puissance ; mais j’ai fait en forte qu’ils ne pussent jamais me faire de mal jugement ? Monsieur, celui qui se parle ainsi, peut vivre tranquille au milieu d’eux, & n’est point tenté de se tuer.

LETTRE À MADAME DE T*****.

Le 6 Avril 1771.

Un violent rhume, Madame, qui me met hors d’état de parler sans fatiguer extrêmement, me fait prendre le parti de vous écrire mon sentiment sur votre enfant, pour ne pas le laisser plus long-tems dans l’état de suspension où je sens bien que vous le tenez avec peine, quoiqu’il n’y ait point selon moi