Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/680

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de vous rapprocher de moi. Mais je ne vous tiendrai pas non plus si éloigné, que si l’on est content de vous, je ne puisse vous faire venir ici quelquefois, &c.

Je suis fort trompé, Madame, si toute sa hauteur tient à ce coup inattendu dont il sentira toute la conséquence, vu surtout le tendre attachement que vous lui connoissez pour vous, & qui dans ce moment fera taire tout autre penchant. Il pleurera, il gémira, il poussera des cris auxquels vous ne serez, ni ne paroîtrez insensible ; mais lui parlant toujours de son départ comme d’une chose arrangée, vous lui montrerez du regret qu’il ait laissé venir cet arrangement au point de ne pouvoir plus être révoqué. Voilà selon moi la route par laquelle vous l’amenerez sans peine à une capitulation, qu’il acceptera avec des transports de joie, & dont vous réglerez tous les articles sans qu’il regimbe contre aucun ; encore avec tout cela, ne paroîtrez-vous pas compter extrêmement sur la solidité de ce traité ; vous le recevrez plutôt dans votre maison comme par essai ; que par une réunion constante ; & son voyage paroîtra plutôt différé que rompu, l’assurant cependant que s’il tient réellement ses engagemens, il sera le bonheur de votre vie, en vous dispensant de l’éloigner de vous.

Il me semble que voilà le moyen de faire avec lui l’accord le plus solide qu’il soit possible de faire avec un enfant, & il aura des raisons de tenir cet accord si puissantes & tellement à sa portée, que selon toute apparence, il reviendra souple & docile pour long-tems.

Voilà, Madame, ce qui m’a paru le mieux à faire dans la circonstance ; il y a une continuité de régime à observer qu’on