Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/128

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Voilà comment le luxe — s’ils avoient eu le malheur de naître savans. Ils seroient nés tels qu’ils se sont rendus à forcé de travail ; ils seroient nés en même tems humains, compatissans, polis & vertueux.

Que ces réflexions sont humiliantes—être mortifié ! Je en vois pas ce qui doit nous humilier ou mortifier notre orgueil en pensant, selon les principes de l’Auteur, que nous sommes nés dans une heureuse & innocente ignorance, par la quelle seule nous pouvons être vertueux ; qu’il ne tient qu’à nous de rester dans cet état fortuné, & que la nature même a pris des mesures pour nous y conserver. Il me semble au contraire qu’une si belle prérogative que celle d’être naturellement vertueux, qu’une si grande attention de la part de la nature à nous la conserver, doivent extrêmement flatter notre orgueil ; mais si nous pensons que nous sommes nés brutes, que nous sommes nés barbares, méchans, injustes, coupables, & que nous avons besoin d’une étude & d’un travail de plusieurs années, de toute notre vie même, pour nous rendre bons, justes, humains. Oh ! c’est alors que nous devons être humiliés devoir que par nous-mêmes nous sommes si pervers, & de ne pouvoir parvenir à être des hommes, que par un travail toujours pénible & souvent douteux.

Quoi ! la probité — de ces préjugés ? Des conséquences très-désavantageuses à l’Auteur même & à toutes nos Académies ; mais heureusement les prémices du raisonnement sont très-fausses.

Mais pour concilier ces contrariétés — avec les inductions historiques. Ainsi l’Auteur, pour concilier des contrariétés apparentes