Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/182

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la pensée, qui est la seule chose que Dieu examine, & qu’il faut seule examiner quand il est question de Dieu, n’est uniquement qu’une censure énergique du systême absurde de Ptolomée, & par conséquent l’éloge du vrai plan de l’univers & de son Auteur, dont Alphonse le Sage étoit trop sincere adorateur pour concevoir le dessein extravagant de l’outrager. Les vastes lumieres découvrent les absurdités que l’imagination des hommes prête à la nature ; mais cette découverte est toute à la honte des hommes qui se sont trompés, elle ne peut pas réjaillir sur les œuvres du Tout-puissant ; sa sagesse suprême est le garant de leur perfection, elle est à l’épreuve de tous les examens. Que les Sciences s’épuisent à les mettre au creuset ; les vaines opinions des hommes s’y dissiperont en fumée comme les Marcassites ; les vérités divines y deviendront de plus en plus brillantes comme l’or le plus pur, parce que les Sciences sont autant de rayons de la Divinité. Malheur donc aux religions qui n’en peuvent supporter les épreuves, & auxquelles elles sont contraires ! La vraie en reçoit une splendeur nouvelle, & n’en différé que parce qu’elle les surpasse, comme le soleil même est supérieur à un petit nombre de rayons qui en émanent entre les nuages qui nous environnent. Nous ne disconviendrons pas néanmoins qu’on ne puisse en abuser ; les hérésies, les schismes sans nombre le prouvent assez ; ces preuves n’ont point échappé à M. Rousseau, elles s’offrent d’elles-mêmes à un Citoyen de Geneve, & un homme aussi versé dans les Belles-Lettres n’est pas moins instruit des désordres qui suivent une littérature licencieuse.