Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/196

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L’Académie de Dijon soutient que ce déguisement est une fausseté indigné d’un homme qui fait profession des Lettres, & que rien n’obligeoit à se masquer.

On ne doit plus être étonné de voir cette Académie avancer des propositions hasardées ; mais il me semble qu’on doit l’être un peu qu’un Corps respectable s’exprime d’une façon aussi peu mesurée.

Commençons par observer que Messieurs de Dijon ne sont pas conséquens dans leurs principes. Qu’ils se souviennent que selon eux, la culture des Sciences & des Arts corrompt les mœurs, & qu’ainsi ils doivent penser que tous les vices sont annexés aux gens de Lettres. De quelle grace s’avisent-ils donc aujourd’hui de trouver indigne d’un homme de Lettres, un déguisement, une feinte, une ruse de guerre qui n’a tout au plus que l’ombre du vice ? Mais applaudissons à la délicatesse de Messieurs de Dijon ; pardonnons-leur une contradiction inévitable dans le personnage qu’ils sont, une contradiction que leur arrache la vérité de la cause des Belles-Lettres que je défends, & qu’ils ont trahie : oui, sans doute, la fausseté est indigne d’un homme qui fait profession des Lettres ; la vérité, la vertu la plus pure étant l’appanage ordinaire de cette profession, & le principal but de tous ses exercices : mais comment l’Académie de Dijon a-t-elle pu caractériser par cette