Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/206

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REPONSE Au Discours qui a remporté le Prix de l’Académie de Dijon, par le Roi de Pologne.*

[*Cette Réponse parut dans le Mercure de Septembre 1751, sans nom d’auteur ; mais on reconnut bientôt que c’étoit le Roi de Pologne, duc de Lorraine, qui avoit fait l’honneur à M. Rousseau d’entrer en lice avec lui : aussi Rousseau dans sa réponse qui se trouvé à la page du second volume des Mélanges y parle avec plus de modération qu’à ses autre adversaires.]

Le Discours du Citoyen de Geneve a de quoi surprendre ; & l’on sera peut-être également surpris de le voir couronné par une Académie célebre.

Est-ce son sentiment particulier que l’Auteur a voulu établir ? N’est-ce qu’un paradoxe dont il a voulu amuser le public ? Quoi qu’il en soit, pour réfuter son opinion, il ne faut qu’en examiner les preuves, remettre l’anonyme vis-à-vis des vérités qu’il a adoptées, & l’opposer lui-même à lui-même. Puissé-je, en le combattant par ses principes, le vaincre par ses armes, & le faire triompher par sa propre défaite !

Sa façon de penser annonce un cœur vertueux. Sa maniere d’écrire décele un esprit cultivé ; mais s’il réunit effectivement la science à la vertu, & que l’une (comme il s’efforce de le prouver) soit incompatible avec l’autre, comment sa doctrine n’a-t-elle pas corrompu sa sagesse ? ou comment sa sagesse ne l’a-t-elle pas déterminé à rester dans l’ignorance ? A-t-il donne à la vertu la préférence sur la science ? Pour