Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/263

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est essentiellement un culte raisonnable.*

[*Rationabile obsequium vestrum. Rom. C. 12. v. 1. ] En effet, si le meilleur usage de notre raison ne devoit pas nous conduire à la révélation chrétienne, notre foi seroit vaine, nos espérances seroient chimériques. Mais comment ce meilleur usage de la raison nous conduit-il au bien. inestimable de la foi, & de-là au terme précieux du salut ? C’est à la raison, elle-même que nous en appellons. Dés qu’on reconnoit un Dieu, il ne s’agit plus que de savoir s’il a daigné parler aux hommes, autrement que par les impressions de la nature. Il faut donc examiner si les faits, qui constatent la révélation, ne sont pas supérieurs à tous les efforts de la chicane la plus artificieuse. Cent fois l’incrédulité a tâché de détruire ces faits, ou au moins d’en affoiblir les preuves ; & cent fois sa critique a été convaincue d’impuissance. Dieu, par la révélation, s’est rendu témoignage à lui-même, & ce témoignage est évidemment très-digne de soi.*

[*Tesimonia tua credibilia facta sunt nimis. Psal. 92. v. 5.] Que reste-t-il donc à l’homme qui fait le meilleur usage de sa raison, sinon d’acquiescer à ce témoignage ? C’est votre grace, ô mon Dieu ! qui consomme cette œuvre de lumiere ; c’est elle qui détermine la volonté, qui forme l’ame chrétienne ; mais le développement des preuves, & la forcé des motifs, ont préalablement occupé, épuré, la raison ; & c’est dans ce travail, aussi noble qu’indispensable, que consiste ce meilleur usage de la raison, dont l’Auteur d’EMILE entreprend de parler sans en avoir une notion fixe & véritable.

V. Pour trouver la jeunesse plus docile aux leçons qu’il lui