Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/438

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Je n’y sens point brûler cette divine flâme
Qui d’un génie heureux animant les ressorts
Le forcé à s’élever par de nobles efforts.
Que m’importe, après tout, ce que pensent les hommes ?
Leurs honneurs, leurs mépris, sont-ils ce que nous sommes :
Et qui ne fait pas l’art de s’en faire admirer
A la félicité ne peut-il aspirer ?
L’ardente ambition a l’éclat en partage ;
Mais les plaisirs du cœur sont le bonheur du sage :
Que ces plaisirs sont doux à qui fait les goûter !
Heureux qui les connoît, & fait s’en contenter !
Jouir de leurs douceurs dans un état paisible,
C’est le plus cher desir auquel je suis sensible.
Un bon livré, un ami, la liberté, la paix,
Saut-il pour vivre heureux former d’autres souhaits ?
Les grandes passions sont des sources de peines :
J’évite les dangers où leur penchant entraîne :
Dans leurs piéges adroits si l’on me voit tomber,
Du moins je ne sais pas gloire d’y succomber.
De mes égaremens mon cœur n’est point complice
Sans être vertueux je déteste le vice,
Et le bonheur en vain s’obstiné à le cacher ;
Puisqu’enfin je connois où je dois le chercher.


FIN.