Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/442

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MÉMOIRE À SON EXCELLENCE, MONSEIGNEUR LE GOUVERNEUR DE SAVOYE. *

[Cette piece & les lettres qui suivent sont aussi tirées de l’Edition de Bruxelles où elles ont paru imprimées pour la premiere fois.]

J’ai l’honneur d’exposer très-respectueusement à Son Excellence, le triste détail de la situation où je me trouvé, la suppliant de daigner écouter la générosité de ses pieux sentimens, pour y pourvoir de la manière qu’elle jugera convenable.

Je suis sorti très-jeune de Genève, ma patrie, ayant abandonné mes droits, pour entrer dans le sein de l’église, sans avoir cependant jamais fait aucune démarche, jusqu’aujourd’hui, pour implorer des secours, dont j’aurois toujours tâché de me passer, s’il n’avoit plu à la Providence de m’affliger par des maux qui m’en ont ôté le pouvoir. J’ai toujours eu du mépris, & même de l’indignation pour ceux qui ne rougissent point de faire un trafic honteux de leur soi, & d’abuser des bienfaits qu’on leur accorde. J’ose dire qu’il a paru par ma conduite, que je suis bien éloigné de pareils sentimens. Tombé, encore enfant, entre les mains de feu Monseigneur l’évêque de Geneve, je tâchai de répondre, par l’ardeur & l’assiduité de mes études, aux vues flatteuses que ce