Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/478

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l’espérance que m’avoit donnée M. Descreux de me venir voir avant son départ, mais je l’ai attendu inutilement, & je le tiens parti ou perdu.

LETTRE X. À LA MÊME.

À Paris, le 26 Août 1748.

Je n’espérois plus, ma très-bonne maman, d’avoir le plaisir de vous écrire, l’intervalle de ma derniere lettre a été rempli coup sur coup de deux maladies affreuses. J’ai d’abord eu une attaque de colique néphrétique, fievre, ardeur & rétention d’urine ; la douleur s’est calmée à force de bains, de nitre & d’autres diurétiques ; mais la difficulté d’uriner subsiste toujours, & la pierre, qui du rein est descendue dans la vessie, ne peut en sortir que par l’opération : mais ma santé ni ma bourse ne me laissant pas en état d’y songer, il ne me reste plus de ce côté-là que la patience & la résignation, remedes qu’on a toujours sous la main, mais qui ne guérissent pas de grand’chose.

En dernier lieu, je viens d’être attaqué de violentes coliques d’estomac, accompagnées de vomissemens continuels & d’un flux de ventre excessif. J’ai fait mille remedes inutiles, j’ai pris l’émétique & en dernier lieu le symarouba ; le vomissement est calmé, mais je ne digere plus du tout. Les