Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/500

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Je me suis donc intéressée pour eux, non-seulement sans les connoître, ni eux, ni personne qui les connût, mais même sans être assurée de leur véritable nom. J’ai sollicité pour eux ; j’ai appaisé leurs créanciers ; j’ai mis le mari eh état de se garantir d’être arrêté, & de se rendre à Lyon avec son fils ; j’ai donné à la femme & à la fille asyle dans ma maison, je leur ai permis d’y retirer leurs effets, j’ai assigné mes quartiers en trésorerie pour le payement de leurs créanciers enfin j’ai prêté à la femme & à la fille tout l’argent nécessaire pour faire leur route honorablement, elles & leur famille. Depuis ce tems je n’ai cessé d’être accablée de leurs créanciers qu’après l’entier payement : car je respect trop mes engagemens pour manquer à ma parole.

Quant aux effets qu’ils ont laissés chez moi, je vous serai quartier du catalogue. Les expressions magnifiques de Madame de Sourgel ne leur donneront pas plus de valeur qu’ils n’en avoient, quand elle délibéra si elle ne les abandonneroit pas avec son logement, de quoi je la détournai, espérant qu’elle en pourroit toujours tirer quelque chose : mais bien loin de songer à en faire mon profit, j’en fis un inventaire exact & je lui promis de tâcher de les vendre ; mais ensuite, ayant fait réflexion qu’il n’y auroit pas de l’honneur à moi d’exposer en vente de pareilles bagatelles, je m’étois déterminée à les payer plutôt au-delà de leur valeur : car il s’en faudroit bien que je n’eusse retiré du tout les 30 livres que j’en ai offert, & qui, certainement, vont au-delà de tout ce qu’ils peuvent valoir.

Mais que cette dame ne s’inquiéte point. Ses meubles sont