Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/532

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vouloir bien me la nommer. Je ne crois pas que ce soit le Viola lutea comme vous me le marquez ; ces deux plantes n’ayant rien de commun ce me semble, que la couleur jaune de la fleur. Celle en question me paroît être de la famille des liliacées ; à six pétales, six étamines en plumaceau ; si la racine étoit bulbeuse, je la prendrois pour un Ornithogale, ne l’étant pas, elle me paroît ressembler fort à un Anthericum ossifragum de Linnaeus, appellé par Gaspard Bauhin Pseudo-Asphodelus anglicus ou scoticus. Je vous avoue, Madame, que je serois très-aise de m’assurer du vrai nom de cette plante car je ne peux être indifférent sur rien de ce qui me vient de vous.

Je ne croyois pas qu’on trouvât en Angleterre plusieurs des nouvelles plantes dont vous venez d’orner vos jardins de Bullstrode, mais pour trouver la nature riche par-tout, il ne faut que des yeux qui sachent voir ses richesses. Voilà, Madame la duchesse, ce que vous avez & ce qui me manque ; si j’avois vos connoissances en herborisant dans mes environs, je suis sûr que j’en tirerois beaucoup de choses qui pourroient peut-être avoir leur place à Bullstrode. Au retour de la belle saison, je prendrai note des plantes que j’observerai, à mesure que je pourrai les connoître, & s’il s’en trouvoit quelqu’une qui vous convînt, je trouverois les moyens de vous les envoyer soit en nature, soit en graines. Si par exemple, Madame, vous vouliez faire semer le Gentiana filiformis, j’en recueillerois facilement de la graine l’automne prochain ; car j’ai découvert un canton où elle est en abondance. De grace, Madame la duchesse, puisque j’ai l’honneur de vous appartenir, ne laissez