Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/56

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vous pour son service & pour celui de la Patrie ; ce qu’elle exige encore au nom de la religion dont elle est la protectrice ; pourquoi tant d’illustres Citoyens honorent votre triomphe de leur présence : enfin, quel est le juste retour que vous devez à l’Université pour les soins multipliés que votre éducation lui a coûté. Que la science dont cette tendre mere a déposé le germe dans votre esprit, n’y dégénéré jamais en ostentation ridicule. Soyez savans sans orgueil, fuyez une curiosité téméraire, ayez de la douceur, de l’affabilité, & montrez par le bon emploi de vos veilles, que vous aspirez à la gloire & au titre de bons Citoyens. Tels sont les devoirs que prescrit cette assemblée par ma bouche ; voilà ce qu’attendent de vous nos Provinces qui ont les yeux fixés sur vous. Prouvez aux adversaires que nous avons combattus dans ce discours, non par l’autorité de nos maximes qu’ils ne veulent point reconnoître, mais bien par la sagesse de votre conduite, que l’Université dans ses leçons ne se borne point à un vain arrangement de mots ; mais qu’elle vous a appris à ne chercher dans les écrits des anciens que ce qui peut contribuer à perfectionner les mœurs & éclairer la raison ; qu’ils apprennent enfin de vous, & que votre exemple soit contr’eux un argument sans réplique, qu’au lieu d’être des hommes frivoles ou dangereux, les gens de Lettres sont les plus zélés défenseurs de la vertu, & que leurs connoissances contribuent infiniment à l’affermissement de son empire.