Le papier me manque pour prolonger ma lettre. Je ne vous parle point de moi, parce que je n’ai plus rien de nouveau à vous en dire, & que je ne prends plus aucun intérêt à ce que disent, publient, impriment, inventent, assurent, & prouvent à ce qu’ils prétendent, mes contemporains, de l’être imaginaire & fantastique auquel il leur a plû de donner mon nom. Je finis donc mon bavardage avec ma feuille, vous priant d’excuser le désordre & le griffonage d’un homme qui a perdu toute habitude d’écrire & qui ne la reprend presque que pour vous. Je vous salue, Monsieur, de tout mon cœur & vous prie de ne pas m’oublier auprès de Monsieur & Madame de Fleurieu.
LETTRE IX.
À Paris, le 7 janvier 1773.
Votre seconde lettre, Monsieur, m’a fait sentir bien vivement le tort d’avoir tardé si long-tems à répondre à la précédente, & à vous remercier des plantes qui l’accompagnoient. Ce n’est pas que je n’aye été bien sensible à votre souvenir & à votre envoi : mais la nécessité d’une vie trop sédentaire & l’inhabitude d’écrire des lettres en augmentent journellement la difficulté, & je sens qu’il faudra renoncer bientôt à tout commerce épistolaire même avec les personnes qui, comme vous, Monsieur, me l’ont toujours rendu instructif & agréable.
Mon occupation principale & la diminution de mes forces